Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce bel amoureux peut-il être un bon mari ? Elle n’y pense pas. A-t-elle en lui une confiance basée sur l’estime ? Elle n’en sait rien. Au moins, l’aime-t-elle, d’un amour fait de tendresse intelligente et de dévouement prêt à l’action ? Elle n’y a jamais réfléchi.

Elle va au mariage comme à une fête perpétuelle : c’est son trousseau qui l’occupe, et ses cadeaux et tout le tralala !

Certes elle répondrait à votre question qu’elle aime son fiancé, mais elle parle de ce qu’elle ignore : elle ne connaît ni son ami, ni l’amour, ni la vie, ni elle-même ?

Et lui ? Se laisse-t-il prendre aux seuls charmes extérieurs de sa petite amie ? Croit-il que filer le parfait amour le long des ruisseaux bavards ou marcher côte à côte dans la vie toute leur vie, cela offre bien des points de ressemblance ? Sait-il si sa fiancée a du bon sens, du cœur, et si elle l’aime vraiment ? S’il est intelligent et cultivé, a-t-il pensé qu’il faut que sa femme puisse s’intéresser à ce qui l’intéresse lui-même, s’il ne veut courir de risque de s’ennuyer avec elle ? Si elle ne sait rien et ne lit jamais, si elle interrompt par des questions niaises tous les essais de conversations sérieuses, c’est plus grave qu’il ne le croit : elle ne pourra jamais être son amie, sa confidente et au besoin sa conseillère.

Voilà à quoi il faudrait penser, chers amoureux, que je rencontre, tout en blanc, dans les chemins fleuris : vous ne me voyez pas quand je vous frôle en souriant à votre bonheur fragile…