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ment intarissable, toujours le même, et toujours nouveau, aux conversations des habitants du globe. Sans cela, Seigneur, où en serions-nous donc ? Et comment les quatre-vingt-dix-neuf centièmes des hommes se tireraient-ils d’affaire en société ? On ne peut songer sans frémir aux conséquences désastreuses qu’entraînerait la suppression de cet inappréciable sujet ! La moitié du monde serait réduite au silence, et l’autre moitié fort gênée dans ses entretiens.

En vérité, les changements de température sont une création charmante et bien aimable de la Providence. On cause d’autres choses, je l’admets, on cause du cours de la Bourse, des affaires du voisin, des singularités de la voisine, de la couleur et de la forme de ses chapeaux, de ses allées et venues… et quand on a fini, on recommence, et on dit toujours les mêmes choses toujours aux mêmes personnes.

Cela fait comprendre un peu qu’on éprouve le besoin de se dédommager avec les cartes, et il ne faut pas chercher d’autre explication de l’épidémie de Bridge qui sévit toujours.

Si les hommes et les femmes prenaient la peine de causer, et ne se croyaient pas obligés, pour être aimables, d’être insignifiants, puérils et monotones, nous verrions les femmes du monde jouer aux cartes pour se distraire, soit, de temps de temps, mais non en faire l’abus qui les rend un peu ridicules, il