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certaine somme avec laquelle elles s’habilleraient et paieraient leurs menues fantaisies. Elles apprendraient à leurs dépens à équilibrer leur petit budget et à connaître la valeur de l’argent qu’elles ignorent totalement. Pour quelques-unes, cinq dollars, ce n’est rien, et avec vingt dollars, d’autres croient pouvoir acheter tout ce qui les tente.

Et quand ces enfants prennent la direction d’une maison, on leur reproche de ne pas savoir acheter, contrôler les achats, régler leurs dépenses d’après leur revenu ! Où veut-on qu’elles aient appris tout cela ! Dans la plupart des ménages dont l’équilibre et la paix sont menacés par l’inexpérience et l’incurie des jeunes femmes, il ne serait que juste d’établir les responsabilités des mères qui ont oublié d’enseigner à leur fille à penser, à juger, à faire œuvre d’initiative personnelle. Mais aveuglés jusqu’au bout, loin de se blâmer de leur erreur, elles la couronnent en taxant leur gendre de mesquinerie s’il s’avise de protester contre le gaspillage et la mauvaise administration de sa femme !

On ne le répétera jamais assez : le sacrement de mariage ne donne pas la science infuse, et une jeune fille qui ne sait rien ne peut devenir, par la seule vertu du sacrement, une personne économe et capable.

C’est donc aux mères de les former en leur accordant chez elle une plus grande liberté d’action et en confiant peu à peu à leur initiative une partie des responsabilités d’une maîtresse de maison.