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homme doit avoir son argent de poche : ses cigarettes, ses journaux, ses plaisirs, ses « politesses », sont reconnus des nécessités pour lui, et à quinze ans une certaine indépendance lui est acquise par la somme régulièrement mise à sa disposition.

Quant à ses sœurs, c’est une autre histoire : elles n’ont jamais un sou à elles : pour le moindre achat, un cadeau insignifiant ou une petite aumône, elles doivent demander de l’argent et expliquer par le menu l’usage qu’elles en feront. J’entends les bons parents indignés se récrier : « Mais nous les comblons, nous leur donnons des toilettes et des bijoux : elles n’ont qu’à exprimer un désir pour qu’il soit satisfait…

Faisons la part de l’exagération des bons parents, et admettons ensuite que, même lorsque les jeunes filles sont gâtées par eux, elles préféreraient souvent à des cadeaux inutiles et à des surprises qui ne leur plaisent pas, un peu d’argent dont elles disposeraient à leur guise.

J’entends encore le soupir triste d’une jeune fille dont j’admirais la robe : « Oui, elle est bien jolie, mais avec l’argent qu’elle coûte j’aurais pris des leçons de chant pendant quatre mois. — Vous le désirez beaucoup ? — Je le demande à mes parents depuis deux ans et ils m’appellent extravagante, j’accepterais pourtant d’être mise très simplement pour avoir ce grand plaisir.

Mon humble opinion, c’est que les jeunes filles devraient avoir la libre disposition d’une