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Un jour j’avais renversé sur son lit un panier de roses qui embaumaient, il plongea son petit visage pâle dans les pétales parfumés : « Y aura-t-il des fleurs au ciel ? — Oui, mon chéri, des fleurs, des anges, mais il y aura surtout papa, maman et grand’père… — Je voudrais tant y aller ! fit-il en joignant les mains, et, plus bas : mais j’ai peur que les diables m’empêchent d’y entrer… ma tante dit que je suis souvent méchant, et qu’ils me garderont avec eux pour l’éternité… et l’éternité, c’est long, vous savez, elle dit que ça ne finit jamais ! »

Sa voix tremblait et ses yeux étaient pleins de larmes. — Mon petit Lucien, tu ne sais donc pas que tu es l’enfant du bon Dieu, c’est à Lui que ta maman t’a donné au baptême, et Il est le plus Grand et le plus Fort, et Il ne permettra à personne de te prendre à Lui. Ne pense plus aux diables.

— J’en ai tant peur ! Et il y en a beaucoup vous savez, ici… partout… ils viennent la nuit autour de moi… et leurs yeux brûlent…

Il cacha sa figure sur mon épaule, il était tout tremblant.

Alors, Dieu me pardonne, je lui enseignai l’erreur. — Regarde-moi, mon petit Lucien et crois-moi : il n’y a pas de diables, ce sont des inventions de ta tante pour t’effrayer. Il y a un ciel, et dans le ciel le bon Dieu, les anges, et tous les bons qui sont devenus des saints.

Il buvait mes paroles : Et les méchants, où vont-ils ?