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Son père et sa mère furent emportés par la typhoïde il y a deux ans. Il fut recueilli ici, au village, par la tante de son père, vieille femme avare, égoïste et dure qui ne le prit pas par charité, mais pour toucher la pension que le tuteur payait sans la connaître.

Il avait sept ans quand il arriva : blond, vif comme un oiseau, il avait de beaux yeux caressants, les jolis gestes d’un enfant bien élevé et un peu gâté. Intelligent, développé pour son âge, il était d’une sensibilité un peu morbide qui se reflétait dans sa physionomie si mobile. Il eût fallu, pour l’élever, de l’affection, de la douceur et de la fermeté. Hélas ! cette vieille femme n’avait à lui donner aucun de ces trésors ! Elle entreprit ce qu’elle appelait son éducation. C’était une ancienne maîtresse d’école et elle voulut essayer avec lui d’un système qui tendait à l’éteindre pour le rendre sage !

Il était grondé s’il courait dans la maison, puni s’il renversait une chaise ou tachait ses hardes : soumis à un règlement inflexible, toujours seul, privé d’affection, il désapprit le rire et devint silencieux, gauche et triste. Sa tante lui parlait pour commander, gronder, instruire et l’entretenir des diables !

Les diables étaient le grand facteur dans cette belle éducation. Ils entraient en scène pour le moindre délit et le pauvre petit homme avait aussi peur d’eux que de sa tante.

Imaginez un peu ses terreurs et ses désespoirs, lorsqu’enfermé dans sa chambre noire,