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larmes. Se donner bravement à la vie, c’est avoir ce courage gai et la force de chercher son bonheur dans le travail et le devoir accomplis.

Nous ne devrions jamais oublier qu’un des privilèges et une des puissances les plus redoutables de notre âme, mais aussi une des plus enviables, c’est de poser son empreinte sur les âmes voisines et de communiquer à d’autres une part de ses joies ou de ses souffrances.

Votre jeunesse est une grâce et une force. Auprès de vous, au même comptoir, dans le même bureau, il y a de pauvres êtres usés, vieillis par la tristesse et le travail ; donnez-leur de vos richesses, prodiguez autour de vous votre sourire et le rayonnement de votre jeunesse. Ils sont trop las pour chercher la joie, ils ne croient plus à son existence, apportez-leur celle qui est en vous et ils vous béniront.

Cette joie, retrouvez-la si vous l’avez perdue, puisque vous avez l’espérance de l’avenir et l’espérance de l’amour, le vrai amour créateur du foyer, dons vous rêvez les soirs de printemps quand vous vous sentez trop isolées dans la grande ville bruyante.

C’est pour attendre cet amour que vous êtes pauvre et que vous êtes fière. C’est en y pensant que vous vous en allez tous les jours, à l’aurore, travailler, peiner et garder votre cœur ; c’est cet amour espéré qui vous rend jolies, douces et joyeuses, car vous sa-