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Votre procès, messieurs, fut mené avec vigueur et entrain : l’une se plaignit des hommes d’affaires qui, appelés au téléphone par des femmes, leur parlent sur le ton qu’ils prendraient avec leur garçon de bureau. — « Quand nous dérangeons ces messieurs pourtant, disait la dame, c’est que nous y sommes obligées, et ils nous le font vraiment trop regretter ! »

Ils sont pressés, occupés, risqua la bonne petite âme. — D’être polis ne leur ferait pas perdre un temps notable, lui fût-il répondu.

Et une autre : « Pouvez-vous m’expliquer pourquoi un homme cesse d’être poli avec une femme uniquement parce que c’est la sienne ? La lune de miel passée, il ne sait plus ni la débarrasser d’un paquet, ni ouvrir une porte pour elle, ni la remercier d’un service, ni différer d’opinion avec elle sans lui dire des choses désagréables. Et pourtant il sait mieux : il l’a prouvé avant son mariage avec sa fiancée, et depuis, avec les autres femmes… son sans-façon, son manque de courtoisie sont réservés à sa femme… — C’est qu’il l’aime tant, et que les hommes sont des êtres si logiques ! — ricana une malicieuse personne.

— « Mais, reprend la bonne petite âme, les femmes qui souffrent ainsi de l’impolitesse des hommes sont-elles donc irréprochables ? Tous les jours, ont voit des hommes heurter et bousculer des femmes, sans s’en excuser, c’est vrai, mais tous les jours aussi, on voit des femmes accepter dans le tramway la place