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ne les effleurât, et qu’inaccessibles à la peur qui faisait fuir les apôtres, elles demeurassent tout près de Lui sur la croix, l’aimant dans la mort comme dans la vie ?

Marthe était là avec les autres… la douce et patiente Marthe, à qui Jésus avait dit la grande et mystérieuse parole : « Tu te préoccupes de beaucoup de choses, Marthe, et une seule est nécessaire. »

Une seule ! Et les Marthe d’aujourd’hui l’oublient comme celle d’autrefois. Et au milieu des choses secondaires qui absorbent leur vie, elles négligent la seule chose nécessaire : la vie profonde de leur âme.

Marthe ne fut pas froissée de ce que lui disait Jésus : elle était trop vraiment son amie pour ne pas comprendre que ce n’était pas un blâme de Jésus mais un appel à se rapprocher de lui en se pénétrant davantage de son esprit.

Il arrive que de vrais amis disent la même vérité aux âmes trop terrestres : ils ont moins d’onction et de douceur, celles qui les entendent ont moins d’intelligence aimante et d’humilité que Marthe, et les transformations sont lentes.

Mais elles finissent par se faire, et nous devrions bénir ceux qui nous arrêtent, fût-ce brusquement, au milieu de « beaucoup de choses qui nous préoccupent », pour nous dire de ces paroles qui ne s’oublient pas : elles nous poursuivent, elles nous hantent et nous donnent la nostalgie de « la seule chose nécessaire. »