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fermé on ne sent pas la douceur du vent qui incline les branches nues. La tristesse du paysage s’harmonise bien avec les souvenirs sacrés de la Semaine Sainte que nous finissons.

Et pourtant, c’est dans l’éblouissement de lumière d’un printemps d’Orient que Jésus vécut ses derniers jours et qu’il connut jusqu’au fond la méchanceté des hommes. Et toute la beauté du monde extérieur lui rendit peut-être plus pénible encore la laideur des cœurs humains.

Car Jésus était homme, et le divin en lui n’atténua pas les tristesses et les douleurs de son humanité.

Il prêchait la loi d’amour pendant que la haine de ses compatriotes montait autour de lui ; Il les guérissait, Il les consolait et les aimait pendant qu’ils méditaient sa perte. La trahison de Judas, le reniement de Pierre, la lâcheté de ses disciples le remplirent d’une angoisse indicible : nous le lisons dans les récits évangéliques avec un cœur froid : c’est que nous oublions trop qu’il souffrit cette détresse et cette passion avec son cœur et sa nature d’homme. — Je pense aussi aux amitiés féminines qui entourèrent Jésus : délicates et aimantes, ces âmes se livrèrent sans réserve à l’action pure du mystère qui émanait de Lui. Eurent-elles l’intuition d’une présence invisible et puissante, et cela les fit-elles inébranlables dans leur fidélité ? Ou leur suffisait-il d’aimer Jésus pour qu’aucun doute