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mais en face du rêve irréalisable nous concluons après des délibérations amusantes que nous préférons être nous-mêmes.

Être « soi » est donc un élément de satisfaction dont on pourrait tirer un meilleur parti en cherchant, d’abord, à ne pas trop nous maltraiter et, ensuite, à nous rendre de plus en plus aimable.

Nous sommes quelquefois trop sévères pour nous-mêmes : nous nous ingénions à nous critiquer et à nous décourager. Nous comparons notre rêve qui plane à nos petites actions qui cheminent, et nous nous faisons croire que nous n’avons rien fait parce que nous n’avons rien à montrer, que notre vie est nulle parce que notre rôle est effacé. C’est faux et c’est injuste.

L’erreur est d’ignorer que tout être qui remplit sa tâche ou son devoir d’état, — comme vous voudrez l’appeler, — est dans la vérité et ne saurait être inutile. L’injustice, c’est de ne pas comprendre qu’on n’est pas tenu à faire plus que « son possible ». Ne soyons pas plus exigeants que le bon Dieu !

Quand on peut se dire : « Je fais tout ce que je peux », il faut être satisfait de cela qui est très bon, et demeurer dans la sérénité qui fait la vie belle même si elle est remplie de médiocrités. Il est nécessaire d’avoir foi en soi-même pour faire œuvre qui compte… et pour cela, il faut bien se connaître : se rendre compte de ses défauts est sage, mais se rendre compte de ses qualités l’est tout au-