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ne dorment pas ! Elles s’offrent en silencieux et brûlant holocauste pour ceux qui vivent dans le monde comme s’il n’y avait ni Dieu, ni âme, ni vie future ! Elles ne dorment pas, ces saintes ! Elles goûtent, dès maintenant, les choses éternelles qu’elles trouveront au-delà de la mort. Des profanes comme nous se figurent difficilement l’intensité de vie intérieure des âmes à ce point purifiées !

À son tour, ma compagne écoutait, étonnée, elle entrevoyait, peut-être pour la première fois, Dieu présent, l’invisible rendu sensible aux âmes de lumière.


XLV

Dans un rayon


Dans le large rayon de soleil qui traverse la pièce, une infinité d’atomes lumineux dansent, montent et descendent ; ils paraissent retenus dans la bande de lumière par une force irrésistible, et je pense que chacune de nos vies est fixée dans un rayon, où flottent ainsi toutes les joies et toutes les douleurs qui nous sont destinées. Que de germes de souffrance ou de bonheur se fixent sur nous, à notre insu, dont nous vivons, que nous respirons, sans le savoir… que d’autres s’agitent autour de nous qui ne seront pas des joies vivantes et des chagrins cruels, parce qu’ils ne pénétreront jamais au-delà de la surface de nos cœurs. C’est en ce sens que bonheur ou malheur sont choses si relatives.