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Il me semble que les femmes de la province de Québec ont été lentes à s’éveiller à la réalité du drame qui se joue dans l’Ontario, et que les luttes de ces trois dernières années les ont laissées indifférentes. Il y a de brillantes exceptions que je me dispense de nommer : comme moi vous les connaissez et vous les admirez. Mais, en général, peu de femmes ont été au courant des événements qui préparaient la crise actuelle, et celles qui savaient ne comprenaient pas très bien, peut-être, que notre vie française qui est notre vie nationale, notre vraie vie, était en jeu.

Mais rien ne vaut les leçons en action, et la vaillance et le patriotisme des Français de l’Ontario ouvriront les yeux des Françaises du Québec, et toutes ensemble, animées du même esprit, nous ferons ce qu’il faut pour demeurer français dans l’Ontario où l’on nous persécute, et dans le Québec, où nous glissions mollement aux concessions dangereuses. L’une d’elles, c’est notre facilité à parler l’anglais de préférence au français quand ce n’est pas nécessaire.

Certes, il faut apprendre l’anglais et le bien parler, quand ce ne serait que pour prouver notre supériorité sur les Anglais incapables d’apprendre le français et qui s’en excusent en prétendant que nous ne parlons pas le français de France !

Ne nous gênons pas pour leur dire que leur ignorance seule peut leur faire débiter de pareilles inepties, mais ayons la sincé-