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Ce qui fait la force étrange de la soldanelle, c’est sa prévoyance : tout l’été, elle a chargé ses feuilles, recueilli le combustible qu’elle brûle quand vient la saison de vivre et de grandir malgré les forces contraires.

Les jeunes filles devraient imiter la fleur mystérieuse. Quand la vie leur sourit, que les hommages les couronnent, qu’elles sont comme des petites déesses dont les désirs sont des ordres, elles oublient trop que le printemps est une saison courte, que les temps rudes viendront, et qu’alors la déesse recevra plus d’ordres qu’elle n’en donnera ; elle sera souvent transie par le froid si elle n’a pas, en temps opportun, fait une ample provision de douceur, de bonté chaude, de gaieté rayonnante qui défient le froid des cœurs atteints par l’indifférence dont souffrent, par accès, les cœurs d’hommes ordinaires !

La bêtise serait alors de renoncer tristement au bonheur qui fait mine de s’enfuir. Elles furent conquises, à leur tour de conquérir, et en vraies petites soldanelles, de percer les neiges et les glaces, et de fleurir dans l’amour qu’elles auront regagné ou réveillé à force de grâce patiente et de bonté indulgente et tendre.

Ah ! mes chères petites amies ! Avant de vous jeter dans l’aventure du mariage, étudiez la botanique ! Vous ignoriez sans doute que c’est une science bienfaisante et… pratique !