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temps, et un moyen loup n’aurait fait qu’une bouchée de la pauvre Grite, mais je vous dis, moi, que les loups n’en auraient pas voulu ! C’était le bien du diable, voyez-vous, et son bien il le garde pour lui.»


XXXVII

Mauvaise humeur féminine


Quand un homme témoigne de l’humeur, c’est qu’il en a et il la manifeste ouvertement. Personne ne le tire de son mutisme si c’est un boudeur ; personne n’échappe à ses boutades si c’est un grognon : il critique à tort et à travers, il gronde et tempête et il est franchement détestable avec tout le monde.

L’humeur d’une femme est chose plus compliquée, et elle ressemble aux statues qui rient d’un côté et pleurent de l’autre, car elle se choisit généralement une victime. Supposons une minute que ce soit son mari. Cela s’est déjà vu !

Sombre et maussade en sa présence, elle devient souriante dès qu’il s’éloigne. Pour lui les regards durs, les haussements d’épaules dédaigneux, les airs excédés les soupirs de victime… mais cette pauvre personne accablée se transforme dès qu’il disparaît : gaie, animée, charmante, elle a oublié tous ses maux !

Joue-t-elle donc la comédie ? Il faut bien avouer qu’il y en entre une bonne part, et