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pourvoir à leur nourriture, à l’entretien des vêtements, et adoucir la vie des pionniers au travers de difficultés inouïes que l’on peut facilement imaginer.

Jeanne Mance était la directrice des travaux matériels et l’âme de ce fantastique foyer qu’elle essayait d’établir avec tant de charité et d’habileté que Monsieur de Maisonneuve ne cessait de dire qu’elle était un « présent du Cie ». À ses fortes vertus morales, Mademoiselle Mance joignait une distinction et un charme qui devaient s’exercer avec un empire souverain même sur les âmes primitives des sauvages.

Le printemps suivant, arriva de France une « nouvelle recrue », amenée par Monsieur D’Ailleboust, qu’accompagnait sa femme et sa belle-sœur, Philippine de Boulongne. Cet officier, distingué dans le génie militaire, fut chargé de la construction du Fort, véritable petite ville en miniature. Son enceinte renfermait une chapelle, un hôpital, des logements pour les colons et la garnison, des magasins et des entrepôts, et Jeanne Mance, Madame de la Peltrie, et leurs deux nouvelles compagnes, se multipliaient pour soigner les malades, distribuer les vivres, régler la vie de cette étrange communauté composée de femmes, de religieux, de seigneurs, de soldats et d’ouvriers. Bientôt s’ajouta à leur tâche la mission d’attirer les sauvages, de les instruire, de leur faire aimer la civilisation et la religion. Les Algonquins, paisibles et