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Sévigné, après deux siècles écoulés, joyeuse, non pas de la joie frivole qui ne connaît pas les tristesses de la condition humaine, mais de cette joie sereine qui marque la force de l’esprit et la santé de l’âme.

Cette joie haute, subsistant à travers les épreuves, la maladie, la vieillesse et rayonnant sans cesse pour éclairer le chemin des autres, est une force divine possédée par certaines âmes privilégiées, et il me semble qu’elle doit être le résultat d’un plein épanouissement physique et moral, et par conséquent d’une éducation supérieure.

Ces femmes peuvent manquer de force dans la décision et dans les idées, mais elles possèdent cette force spéciale de la douceur toute simple, de la joie dans l’oubli d’elles-mêmes, de la gaieté qui domine les petits ennuis quotidiens.

En face du monde elles gardent une éternelle fraîcheur de sensations, la simplicité et la franchise d’un cœur toujours jeune, et elles plaisent sans le chercher, sans le savoir, comme les fleurs nous plaisent, et elles sont bien véritablement les fleurs du monde.

Mais les fleurs ne naissent pas toutes seules, et le charme qui nous attire n’est que le reflet d’une formation profonde de la conscience et de la sensibilité.

Toujours et en tout, ces femmes démêlent et entendent une note dominante, celle du cœur ; leur sensibilité guide leur raison, et si elles savent si bien apaiser et consoler c’est