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Je me figure que nous serons ainsi dans notre hiver, et qu’ils passeront paisibles et doux les jours qui nous rapprocheront du Grand Printemps où nous sera rendue la vie suspendue un instant.

Mais si la vieillesse ne tue pas la joie de vivre, que devient-elle, me dites-vous, au milieu des séparations, des deuils, des épreuves inévitables ?

La douleur qui passe ne fait pas nécessairement disparaître la joie de vivre qui accompagne le don de la vie même, et qui ne peut être étouffée, semble-t-il, que par le contact du mal voulu et consenti.

Chaque aurore rose et fraîche nous apporte la force de porter le fardeau quotidien. Ce jour qui sort de la nuit, c’est l’espoir qui sort de la souffrance, c’est la sérénité qui sort de l’acceptation, c’est surtout l’évidence que Dieu prodigue l’amour comme il prodigue la lumière, magnifiquement.

Aimons la vie, et de toute la bonne volonté de nos pauvres cœurs humains, rendons-la plus douce aux malheureux qui veulent être tristes.


XXXIV

Les rayonnantes


Madame de la Fayette écrivait un jour à Madame de Sévigné : « La joie est l’état véritable de votre âme. » Et c’est bien ainsi que nous apparaît encore Madame de