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terre. Et notre souffrance s’empreint d’une amertume qui fait saigner notre cœur. Et cependant, dans ce désarroi où nous jettent les circonstances tragiques actuelles, il faut nous ressaisir, être courageuses et généreuses, oublier les causes immédiates du malheur qui nous frappe et voir le but de nos grands renoncements, du don cruel du sang de nos cœurs.

C’est un honneur pour nous d’avoir préparé nos fils aux tâches viriles, de les avoir accoutumés à l’idée de l’effort, de la lutte, des sacrifices héroïques, Ils comptent sur nous qui les avons faits généreux et braves, pour les aider à demeurer fermes au moment de l’épreuve : ne les désappointons pas.

Ô mères qui pleurez, les anges recueillent vos larmes et elles retomberont en bénédictions sur ceux qui s’en vont, après tout, combattre pour la bonne cause, sur la terre bénie de France où ils se sentiront un peu chez eux. Votre courage augmentera leur bravoure et ils soutiendront l’honneur du nom canadien déjà couvert de gloire avec ce que vous avez de meilleur et de plus fort dans vos âmes de femmes.


XXIX

Balançoire


Je donnais des sous à un mendiant, et ma compagne me dit : Vous encouragez la paresse, — En êtes-vous certaine ? Moi,