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pourpre et les fleurs d’or, la mer qui fredonne dans le soleil ou la mer qui se lamente dans la tempête, les nuages mobiles aux couleurs toujours changeantes. Elles aiment l’humanité : les petits à cause de leur faiblesse, les souffrants à cause de leur douleur, les égarés et même les méchants, à cause de leur âme qui peut toujours sortir de son erreur et se délivrer de son péché. Elles aiment tout, et à leur amour, grand comme l’univers et comme l’humanité, ni la nature, ni l’humanité ne savent répondre.

Elles sont capables de tout, même d’héroïsme, et n’importe qui accomplit mieux qu’elles la moindre besogne pratique rend plus facilement le moindre service et supporte plus allègrement la moindre contrariété.

Comme elles sont malheureuses les âmes prisonnières ! Qu’elles soient enfermées dans l’enceinte étroite des sciences et des philosophies tout humaines, ou captives de leur égoïsme ou de celui des autres ; qu’elles soient enchaînées par leur timidité ou gardées par des volontés despotiques, comme elles sont à plaindre !

Des rêves trop grands pour que jamais ils puissent devenir réalités, obsèdent sans la vouloir jamais quitter, leur âme qu’ils torturent de douloureux frissons. La hantise du mieux les étreint d’une inlassable emprise. La vie a beau leur crier : « Tu n’iras pas plus loin, contiens ton ambition, ta tendresse, ta soif de savoir, ta frénésie de