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clair, toutefois, pour refléter les objets qui s’y miraient.

Et alors la poignée d’argile s’aperçut dans sa forme nouvelle, la récompense de sa patience, de son endurance, le terme de son ambition et de ses grands espoirs ! — Elle était devenue un pot de terre ! Un misérable pot à fleur rouge, laid et bête !

Indignée, désespérée, elle cria à son créateur inconnu : « Pourquoi m’as-tu faite ainsi ! »

Les jours passèrent, des jours de tristesse amère et de révolte, et un soir, le pot à fleur fut rempli de terre humide, et une vilaine petite boule, sèche comme une chose morte, fut placée avec soin au milieu de cette terre noire et collante. Nouvelle indignation aussi vaine que les autres.

Bientôt, porté dans une serre, il fut réconforté par le bon soleil, et il vit qu’on s’occupait de lui avec sollicitude… et peu de jours après, il sentit frémir en lui comme un espoir de vie nouvelle : il ne comprenait pas ce que c’était, mais il était moins malheureux. Les jours passèrent, et la poignée d’argile, sentant toujours l’étrange palpitation savait qu’enfin elle vivait.

Un matin, elle vit autour d’elle des figures émerveillées ; des murmures d’admiration la tirèrent de sa béate tranquillité. Se penchant vers un autre pot à fleur elle lui dit : « Pourquoi me regarde-t-on avec tant de plaisir ? » — Ignores-tu donc que tu portes un lys royal ? Ses pétales sont plus blancs