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pagne protégée et respectée, et si de bonnes paroles remplaçaient les grogneries perpétuelles. Dites-leur donc qu’il ne suffit pas à une femme d’être logée, nourrie et pas battue pour être heureuse. Dites-leur donc qu’ils ne supporteraient pas un mois la vie qu’ils font à leur femme depuis des années !

… Me croyez-vous une révoltée ? Vous vous tromperiez… j’endure, j’endure, et quand je n’aurai plus la force d’endurer, je me laisserai mourir avec un grand soulagement. Mes enfants ?… ce sont des garçons, ils se tireront d’affaire… comme leur père ! Il ne se fait pas de misère, allez ! Vous pensez que je déteste mon mari ? Il n’en vaut pas la peine : je le méprise pour sa lâcheté, sa veulerie, ses mensonges, sa mesquinerie. Il n’a ni cervelle, ni cœur ; c’est un mannequin bien mis qui fait la roue sur les boulevards pour se faire admirer des femmes qui lui ressemblent.

Madame, ce n’est pas de la littérature ce que j’écris là, c’est mon cœur qui vous crie son indignation et sa misère : c’est la première fois et probablement la dernière, qu’il prend une si grande liberté, il faut l’excuser et en avoir pitié pendant qu’il retourne s’enfermer dans sa coquille. »