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au soir elle travaille, et elle passe bien des nuits sans sommeil à prendre soin de ses petits enfants ; elle ne se trouverait pourtant pas malheureuse si elle était aimée et si son mari était bon pour elle. D’ailleurs, elle ne se plaint pas, c’est lui qui est la victime. Sa maison est mal tenue, son argent est gaspillé, les enfants crient le jour et la nuit parce qu’ils sont mal élevés et mal soignés ! etc., etc.

Et ce féroce égoïste devient si fatigué de toute la lassitude de sa femme qu’il sort sans cesse pour se distraire et qu’il voyage pour se reposer. Sa femme maigrit et s’épuise ; il ne le voit pas, ou plutôt, oui, il remarque qu’elle enlaidit et il le lui fait entendre. Quand, par hasard, ils sortent ensemble, il ne la trouve pas chic, et il lui signale madame X, qui est élégante et jolie, elle. Notez bien qu’il ne décolère pas quand sa femme lui demande de l’argent pour sa toilette, et que celle qui vous écrit n’a rien acheté pour s’habiller depuis dix-huit mois. Elle ne s’en plaindrait pas, si son mari ne lui reprochait pas son manque d’élégance. Ce que je vous demande, chère madame Fadette, c’est que les hommes aient leur part de vos bons conseils. Dites-leur donc que la jeune fille dont ils ont fait leur servante était heureuse et choyée chez elle, qu’elle a eu confiance en eux quand ils promettaient de la rendre heureuse. Elle accepterait joyeusement les ennuis inévitables de la vie conjugale si elle était la com-