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Cette admission faite une fois pour toutes nous arme contre les surprises et contre l’illusion si chèrement entretenue de l’irresponsabilité due au hasard qui gouverne notre existence.

Notre faiblesse trouve son compte dans cette doctrine, mais l’admettre c’est croire à l’injustice et à la dureté de Dieu qui nous jetterait avec insouciance sur la terre pour être menés par les forces aveugles, bonnes ou mauvaises, parmi lesquelles le hasard nous fait vivre.

Croire cela et endurer certaines heures d’agonie est impossible et fait comprendre les pires désespoirs.

Comme c’est bon et plus simple de croire à l’Amour qui gouverne le monde, au mystère que nous comprendrons un jour, au commandement divin, le seul, celui qui sauve : le commandement de l’Amour qui embrasse et comprend tous les autres.


XXIV

Protestation


« Ah ! madame Fadette, c’est facile quand on est tranquillement assise à son bureau, de prodiguer les bons conseils aux jeunes femmes : « Souriez à vos maris grognons ; ne vous croyez pas malheureuses parce que vous avez beaucoup d’enfants ; soyez économes et travailleuses ; que votre mari ne s’aperçoi-