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n’est-ce pas la lâcheté qui empêche les hommes de la laisser régner en eux ?

Ils prétendent à plus de connaissance et de jugement que nous ? Cela leur sert-il à avoir plus de volonté éclairée et forte ? Savent-ils plus énergiquement dire non à ce qui est défendu, oui à ce qui est commandé ? Comprenant mieux la vérité, y conforment-ils davantage leur vie ?

Pas plus que les femmes ils ne savent vouloir, et même, plus que les femmes, ils ne veulent pas vouloir ! La plupart se laissent aller au gré de leurs passions sans lutter contre les courants mauvais. Et voilà pourquoi dans le monde, il y a tant de vies médiocres et manquées. Ce sont les faibles qui laissent commettre les injustices criantes sans s’émouvoir et sans protester ; ce sont les faibles, qui sans être méchants, agissent cruellement, et déçoivent tant ceux qui ont le droit de compter sur eux. Ils laissent faire les autres, ils se laissent faire, et les ruines s’accumulent autour d’eux. Dans leurs moments de repentir, ils ne peuvent que murmurer : « c’est plus fort que moi ! je n’ai pas pu faire autrement ! »

S’ils étaient sincères ils avoueraient qu’ils ne l’ont pas voulu.