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supérieurs qui oublient dans l’harmonie sereine toute la souffrance qui l’a précédée.

Dans les réflexions qui suivirent ce rapprochement, je voyais le rôle tout puissant de la volonté dans notre coopération au grand travail de la Vie en nous. La volonté, nous ne pouvons rien sans elle, et combien de faibles croient la posséder ! C’est qu’ils la confondent avec l’impulsion ou la passion, élans aveugles que leur véhémence même fait passagers et nuisibles.

Pour savoir vouloir il faut certainement savoir réfléchir et raisonner, mais suffit-il d’être intelligent et d’avoir du jugement pour avoir de la volonté ?

À ce compte, quand nous connaîtrions la vérité, nous serions assurés d’y conformer notre vie et, ce n’est pas, hélas ! ce qui arrive. Nous pouvons raisonner admirablement et agir très mal. Nous le constatons en nous avec tristesse, et chez les autres avec une satisfaction amère qui nous console de la contradiction évidente entre nos beaux discours et notre vie médiocre.

Que d’êtres intelligents ont la nostalgie du bien et du beau et voient s’écouler leur vie vide, stérile, triste de toute leur impuissance à réaliser leurs aspirations, et cette impuissance vient de la faiblesse de leur volonté.

Elle est rare la volonté éclairée et forte qui se possède elle-même. Si le caprice et la légèreté la détruisent chez les femmes,