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voyaient cette femme, toute désignée pour combattre à leur côté, tourner sa vaillance contre elles, et passer armes et bagages dans le camp masculin.

Tous d’ailleurs, hommes et femmes, amis et ennemis, ne pouvaient refuser à l’auteur une pensée originale, un style merveilleux, une grâce souple et attendrie qui n’empêchait ni la vigueur, ni même la dureté au moment voulu.

Les critiques les plus bienveillants faisaient leurs réserves, cependant, car les exagérations sont nombreuses, et les contradictions abondent dans ce singulier plaidoyer. Madame Marlholm est une réactionnaire. Or les réactions ont toujours des conséquences utiles et saines, car elles naissent d’un excès, et leur premier soin est de signaler les abus, Mais d’ordinaire aussi, la réaction dépasse le but, exagère à son tour et risque d’arrêter les progrès qui ont été réalisés dans le sens opposé. Notre auteur étant réactionnaire-femme échappe moins que d’autres à ce travers : elle nie tous les bienfaits d’un féminisme modéré, elle affirme « que la femme n’a pas besoin de lire mais de vivre, et qu’elle doit tirer cette vie, non de son intelligence, mais de son admirable sensibilité. » Elle s’efforce en toutes choses de rendre les femmes dociles à la voix de l’instinct qui lui paraît devoir « être le conseiller naturel de son sexe », ce qui est un peu bien païen !

On le voit, elle n’a pas toujours la note juste.