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vent pensé à ce que Dante dit des âmes des violents qui sont emprisonnées dans certains arbres. À côté de leurs colères, que de plaintes douces et de murmures caressants ont plus fait pour calmer mes agitations que les discours et les livres les plus sages.

S’en aller dans les belles solitudes, c’est laisser loin de soi les hommes, et leur sagesse courte, et leur malveillance, et leur égoïsme, et leurs calculs et leurs mesquineries. C’est prendre possession des trésors de Dieu et l’entrevoir Lui-même tellement plus près de nous dès que nous avons le loisir de penser à Lui.

C’est dans la splendeur des journées éblouissantes où tout fleurit et embaume, c’est dans la douceur des soirs recueillis où tout prie et bénit, que l’on fait de ces examens de conscience qui évoquent toute une vie…

Depuis toujours nous avons prié et prié pour demander non seulement « le pain quotidien », mais tant de choses inutiles. « Encore ! Encore ! » disions-nous sans cesse. Avons-nous jamais remercié Dieu en trouvant que nous avions tout ce qu’il nous fallait ? Jamais. Et Lui, magnifique et bon nous prodiguait ses dons. Nous nous saisissions des uns, et négligemment nous laissions les autres glisser de nos mains. Avec des choses précieuses nous faisions des jouets que nous brisions quand ils cessaient de nous plaire.