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France quand elle était petite enfant, avec son père qui était astrologue et médecin de Charles V. Le savant instruisit sa fille avec soin, car il la voulait « aussi savante qu’elle était belle », et il « n’opinait pas que les femmes fussent pires pour apprendre ».

Et dire que dans notre vanité de modernes, nous nous prenons pour des novateurs ! Christine épousa, quinze ans, un gentilhomme picard, Étienne du Castel qui était notaire du roi.

Devenue veuve à vingt-cinq ans, elle se trouva avec trois enfants, — son père était mort, — dans une situation de fortune fort embarrassée.

Elle se mit à composer alors quelques petites pièces de poésie, lais et ballades, qui eurent du succès à la cour. Elle avait une plume alerte, gracieuse et fine, et afin de faire vivre sa petite famille elle se livra d’abord à maintes besognes plutôt ennuyeuses : correspondances amoureuses en prose et en vers, rimes pour célébrer les joies, les deuils ou les amours d’autrui. Malgré son courage, il lui arriva d’être bien lasse de ce rôle de secrétaire à la mode, et elle laissa échapper un jour ce soupir de détresse : « Je chante par couverture. »

Mais elle plaisait, et peu à peu elle devenait célèbre. Le comte de Salisbury voulut l’attirer à la cour d’Angleterre, le duc de Milan lui fit des offres analogues : elle refusa les unes et les autres. Française de cœur,