C’est vrai, tragiquement vrai, quand on paie avec son bonheur l’impossibilité de faire comprendre l’indicible. C’est cruellement vrai quand certains silences de ceux que nous aimons nous font douter d’eux.
Mais toute cette douleur née des silences inquiétants et inexplicables, ne serait-elle pas allégée, si nous avions la conviction que ce qui n’est pas dit est le plus pur, le meilleur des âmes, leur divin ?
XVII
Christine de Pisan
Cela intéressera peut-être mes sœurs de
faire la connaissance de la première femme
qui vécut de sa plume, « la première professionnelle
de l’effort littéraire ». Beaucoup
de grandes dames avant elle avaient
écrit et s’étaient même illustrées, mais
elles écrivaient en grandes dames, et elles
se seraient crues déshonorées par une rémunération.
Christine de Pisan était elle-même
une grande dame. J’ai vu son portrait
à la Bibliothèque Nationale à Paris.
Coiffée d’un hennin, vêtue d’une lourde robe à traîne, elle est assise dans un fauteuil ogival… en la regardant, il faut un grand effort d’imagination pour se la représenter dans son rôle de femme de lettres professionnelle.
Elle vivait à Paris au quinzième siècle. Italienne de naissance, elle était venue en