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a trouvé cette plainte et, à l’insu du pasteur, elle nous la met sous les yeux comme pièce à conviction.

Tout cela est d’un comique un peu triste et fait réfléchir sur les avantages du célibat pour nos pasteurs catholiques.

Des drames, il y en a des grands et des petits autour de nous. Ce matin, c’est un pauvre moineau tombé à demi-gelé au milieu des miettes de pain que je jette tous les jours pour les oiseaux sur la galerie. Je l’ai ranimé avec une goutte de vin : il s’est réchauffé, et maintenant il se jette avec rage contre les barreaux de la cage où je l’ai enfermé en attendant que le froid soit moins grand.

Il ne soupçonne pas mes bonnes intentions et dans son cœur d’oiseau il m’accuse d’avoir un cœur d’Allemand.

Ces si bons Allemands, qui, pour le bien de l’humanité, activent leurs tueries et nourrissent avec tant de prodigalité les monstres marins avec de la chair humaine ! Ils s’étonnent que nous leur souhaitions de crever de leur propre malice !

Pendant que je bavarde à bâtons rompus, un soleil froid fait étinceler la neige sèche, le vent la soulève en tourbillons aveuglants, et j’ai peur du froid, comme j’aurais peur d’un être malfaisant qui me guetterait pour m’étouffer, aussi, je ne bouge pas.