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mes sincères, énergiques et bons. Cet orgueil des mères bénies dans leurs fils est l’une des joies douloureuses que chante ce printemps : sûrement vous l’entendez.

Un officier m’a dit : « Ils sont merveilleux, nos petits conscrits, énergiques et gais. » Je sais : ils sont courageux et fiers, et ils feront payer cher aux Allemands les larmes de leurs mères.

Ils partiront sans amertume et sans récriminations. À l’appel du devoir impérieux ils ont répondu : Présent ! — Et pendant que nous prierons pour eux, que nous travaillerons pour eux, ils feront honneur au Canada, honneur à la race française que les soldats de France reconnaissent en nos soldats canadiens.

Ils s’en vont dans le grand bouleversement qui ensanglante le monde, ils rêvent de victoire et ils se sentent dans les mains de Dieu qui est leur père où qu’ils soient. Ils n’ont pas peur et ils se battront bien, et si hélas ! quelques-uns ne reviennent pas, ils n’auront pas été des vaincus, car ils seront partis avec la certitude que Dieu c’est la Vérité, que le Bien et la Justice c’est la vérité, que l’accomplissement de son devoir c’est la vérité, et qu’il n’y a pas de mort, mais « une porte qui s’ouvre », pour les admettre dans la meilleure vie où il n’y a plus ni guerre, ni angoisses.