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devenue si compliquée c’est pour répondre à ce besoin d’activité qui se décuple en s’exerçant.

Délivrons-donc notre âme en la laissant vivre magnifiquement. Libérons notre bonté, libérons notre pitié, libérons notre amour que nous tenons enfermés en nous et laissons-les se prendre à des œuvres précises et prochaines.

« Vouloir faire du bien, » c’est si vague, ça n’engage à rien ; et cette bonne volonté chimérique nous entretient dans l’illusion que nous sommes bons. Mais faire du bien à son foyer, aider au salut de cette âme, soulager la misère de telle famille, consoler ce chagrin qu’on a deviné, voilà des buts que l’on voit, vers lesquels on marche sûrement.

Et il ne faut pas trop compter sur les résultats visibles, et demeurer convaincus que rien ne se perd de notre action bienfaisante puisqu’elle fait notre âme meilleure et que la bonté crée la bonté.


LVI

Des ombres passent


Il y a des jours indécis où le soleil n’arrive pas à percer les nuages, le vent déplace les vagues grises, sans cesse remplacées par d’autres vagues grises : le soleil, en arrière, argente leurs contours, mais il ne réussit pas à les traverser. La journée passe sans pluie et sans soleil, dans l’attente du triomphe de la lumière.