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rivière lutte pour briser la glace, et c’est le soleil de la vérité qui libère notre intelligence, notre bonté, notre activité, et plus le champ d’action qu’elle leur ouvre est vaste, plus notre âme est heureuse.

Ceux qui ayant compris la nature et les besoins de leur âme, lui donnent la liberté de vivre profondément et largement, ne se plaignent pas de la tristesse de la vie et de l’esclavage où les tient le devoir. Ils aiment la vie de toutes les forces de leur être, et leur âme l’accepte tout entière avec ses larmes et ses sourires. L’épreuve peut les blesser mais ne saurait les écraser : on n’est écrasé que par le poids de son propre cœur.

Leur énergie leur donne la joie de vivre et elle est à l’unisson de la joie de la nature qui sans cesse construit, démolit et rabâtit dans l’univers. La joie de la lumière du soleil, la joie de l’air pur se mêlent à la joie de leur vie qui également éclaire et vivifie, et l’harmonie règne dans leur cœur comme dans le monde extérieur.

Cette joie de vivre est donc celle de l’effort et du travail, de la difficulté vaincue, du devoir rempli, de la certitude de faire ce que Dieu veut, de l’emploi de nos facultés qui veulent sortir de prison, c’est-à-dire s’exercer librement.

Si l’activité n’était pas un besoin de notre nature, l’homme se serait contenté de trouver sa subsistance et les nécessités de la vie. Mais il n’a pas cessé de chercher, de découvrir, d’inventer, de créer, et si la vie est