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Admettons cet avantage tout simplement, et ne nous fâchons pas d’avoir une arme si utile. Ne méprisons ni le mot, ni la chose, et rendons-la admirable en cultivant l’esprit d’observation, le raisonnement, la tendance à ne négliger aucun détail, mais surtout, ayons confiance dans notre instinct. Comment voulez-vous qu’il nous serve bien, si nous le tenons en défiance ?

Il nous avertit souvent sans que nous en tenions compte. Par petits coups, il nous répète les mêmes conseils, il nous met en garde contre telle personne, il essaie de vous rapprocher de telle autre… il nous suggère telle démarche, mais distraites et inattentives nous attendons souvent qu’il soit trop tard pour nous écrier : « Ça me le disait pourtant. » Oui, et vous ne vouliez pas entendre.

À propos d’instinct, le mien me dit de me défier d’une science nouvelle qui s’appelle l’Onomatologie, un grand mot qui désigne une chose incroyable. En effet l’onomatologie prétend tout simplement voir le caractère entier dans le prénom d’une personne. C’est hardi, nouveau et absurde, quelles chances de succès, chères sœurs ! L’auteur, un ex-graphologue, traître à sa science, affirme que les prénoms subissent : 1. Les lois de l’atavisme ; 2. Les lois de l’hérédité ; 3. Des fatalités, vieilles quelques-unes de deux mille ans, d’autres, plus vieilles encore, comme les noms de Joseph et d’Hélène. Un Fernand ne pourrait donc ressembler à un