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et qu’il la rend enfin à ceux qui croient en Lui et qui font profession de suivre sa doctrine.

Ce grand geste divin qu’il faut voir, ne rapprochera-t-il pas les âmes des peuples comme les âmes des individus de Celui qui vient, encore et toujours, apporter au monde la paix et l’amour, avec la même autorité la même douleur grave avec lesquelles II proclamait les Béatitudes qui ouvrent le Paradis aux âmes douloureuses ?

… J’ai pensé longuement à ces choses et elles m’ont consolée, le soir des élections, quand le silence succéda aux appels de plus en plus inquiétants du téléphone.

La journée avait été anxieuse. Tout mon grand optimisme des jours précédents avait fait place à une agitation inquiète : dans le plus obscur de moi-même, je sentais que nous allions à la défaite. J’avais été envahie, heure par heure, d’un malaise subtil et grandissant. Vous comprenez n’est-ce pas, pour l’avoir éprouvé ? Ce qu’il y a au fond de nous d’inexplicable, d’informulé, de plus savant que nous-mêmes, connaissait ce qui allait s’accomplir et s’efforçait de me le confier, mais mon espoir luttait et il ne mourut qu’avec la lumière qui s’éteignait une fois. L’heure qui suivit fut amère pour tout le Canada français.

— C’est un tournant dans notre histoire, un moment solennel, où, masques levés, deux adversaires se regardent en face, et se lancent un défi.