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prendre à cette beauté des choses qui s’en vont, mais dont l’adieu est une promesse de retour, et la lourde tristesse que j’avais apportée au cimetière devenait étrangement douce près des chers morts que je venais visiter et prier. Certes, je prie pour eux, mais depuis que je les ai entendues, j’ai toujours présentes à l’esprit, ces paroles d’un religieux : « Mais elles sont heureuses les âmes du purgatoire ! elles sont sauvées, elles aiment Dieu dont elles se savent aimées, et leur attente est l’attente d’un bonheur si certain ! »

Que c’est vrai ! L’attente du bonheur, c’est le bonheur commencé, et en cette vie décevante, c’est même, trop souvent, la seule joie qui nous viendra des bonheurs rêvés.

Mais les chères âmes sont des élues, et c’est mieux que dans l’espérance, c’est dans une certitude splendide qu’elles attendent l’heure de la béatitude parfaite. Elles n’ont ni les impatiences, ni les doutes qui rendent parfois pénibles les attentes de nos âmes terrestres. Des saintes déjà, faisant la volonté de Dieu en se purifiant davantage.

Cette pensée est si belle et si consolante, que je regrette qu’on ne l’exprime pas plus souvent ! Elle adoucirait les chagrins amers, où la douleur d’avoir perdu nos amis s’accroît de l’angoisse de les croire tourmentés et malheureux. — Longtemps, dans le soir gris et doux qui s’étendait sur le ciel et sur la terre, j’ai écouté les voix aimées, et j’ai senti