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le malheur des autres et parfois le vôtre ? N’avez-vous pas vu le mal dominer et faire misérables des êtres bons au fond, mais trop faibles pour se défendre contre lui. — Non, et vous ne l’avez pas vu, non plus, puisque rien de ce que vous avez vu est définitif. Je sais comme nous nous trompons souvent ; notre erreur, en passant, peut faire du mal là où nous voulions faire du bien, mais notre bonne intention, qui est un commencement de réalisation de la vérité, ne peut nous laisser, nous et les victimes de nos erreurs, échoués dans le désert des choses irrévocables. Elles nous pousse plus loin, plus haut, et malgré les apparences, c’est le bien qui sortira du bien, autrement le mal serait le maître du monde ; vous n’oseriez pas affirmer cela ?

— Et que faites-vous du mensonge, de l’avarice, de l’injustice, de toutes les profondes misères dont tant d’innocents sont les victimes ? Ne triomphent-ils pas de la confiance, de l’honnêteté, de la faiblesse ?

— Temporairement cela paraît ainsi, mais cela n’est pas, puisque le mal est passager. Qui vous dit que ces innocents, comme vous les appelez, ne devaient pas être déçus et traités avec injustice pour se réaliser en beauté ? Si par l’erreur nous arrivons à la vérité, l’erreur alors n’est qu’un marche-pied.

J’ai lu quelque part que la science brûle continuellement les erreurs pour libérer la vérité. Notre esprit, notre volonté, toute