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rogative qui lui semblait inadmissible à cette époque.

Et voici que, soudainement, une loi, qui tournera peut-être contre ses auteurs, lance les femmes dans la lutte politique. Elles y apportent leurs qualités et leurs défauts ; elles y apportent surtout le sentiment, l’imagination, l’illogisme, créateurs de l’imprévu qui réserve toujours aux hommes des surprises déconcertantes. Et en attendant le résultat de l’agitation actuelle, je constate un curieux état de choses. Pour lutter contre les organisations gouvernementales qui se servent pour influencer les femmes de l’argent dont elles disposent, il a fallu des organisations libérales chargées d’expliquer et de faire comprendre aux femmes leur véritable intérêt et leurs devoirs de Canadiennes, et entre les deux camps, les pauvres voteuses, sollicitées à droite et à gauche, endoctrinées, tentées, menacées, tiraillées en tous sens sont bien à plaindre ! Et bien fin celui qui devinerait de quel côté elles seront en définitive ! Moi j’ai confiance que leur simple instinct les feront se lever en masse contre le gouvernement actuel.

Il est évident d’ailleurs que Borden se défiait du sentiment féminin, et qu’en accordant le droit de vote aux seules parentes des soldats, il a voulu réduire le risque au minimum.