Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par les sauvages qui vous auront vue, ma toute belle, ce qui va nie donner la tentation de les embrasser. » C’est un cousin galant à sa cousine Cléophée.

Voyez-vous, par tout le pays, les gens à l’affût d’une chance pour faire partir leurs lettres, et parce que l’humanité est illogique, on en écrivait bien plus alors que maintenant. De longues lettres sur papier de format immense et d’une épaisseur à l’avenant. On laissait e n blanc la quatrième page et elle formait enveloppe que l’on fermait avec de la cire ou des pains à cacheter. Comme on prodiguait la cire, il y a dans les lettres de grands trous qui nous obligent à reconstituer cinq ou six mots, et c’est amusant comme tout de compléter les phrases de ses aïeux. Les formules de politesse sont cérémonieuses ; nos ancêtres seraient bien scandalisés de notre désinvolture et de nos saluts brefs.

J’ai vu une amusante collection de lettres de collégiens de 1804 à 1812 : ils écrivaient du collège de Québec où on leur permettait d’écrire une fois par mois. Les « culottes » et les « capots » occupent un espace considérable et prennent une grande importance dans ces lettres. Rien de plus comique que les détails de toilette donnés par ces enfants qui passaient toute l’année très loin de leurs parents et qui attendaient les occasions parfois longues à venir pour recevoir des objets indispensables. Pauvres petits ! Ils s’ennuyaient, et ils n’étaient pas toujours con-