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ment, personne n’est heureux : ni la vieille fille acariâtre, ni la jeune femme tendre, ni le jeune homme indécis et faible.

Louis a été élevé par sa sœur qui était faite à l’idée qu’elle serait toujours maîtresse dans la maison du « petit ». Quand il parla de se marier ce furent des lamentations et des reproches amers qui retardèrent les aveux du jeune homme et rendirent bien inquiète sa petite amie.

Enfin l’amour l’emporta… pour le malheur de Marie, qui fut reçue dans la maison de ses rêves par la malveillance et la jalousie de la vieille exaspérée. Louison, comme on l’appelle ici, est un bon garçon, et il aime sa femme, mais c’est un homme qui aime la paix et qui connaît peu les femmes. Parce que sa sœur a toujours été bonne pour lui et l’a même gâté, il croit à son bon cœur et à l’utilité des concessions ; il les a conseillées, avec la conviction qu’avec un peu de patience tout irait bien. La petite, dont l’amour soutenait la bonne volonté, commença par se plier à toutes les volontés de la vieille. Celle-ci, sentant son empire, en abusa et ses exigences devinrent si tyranniques qu’une année a suffi pour faire de la femme du maître la servante de la vieille.

Quand la pauvre enfant risqua quelques objections, se plaignit de la fatigue ou réclama un peu de liberté, il y eut de telles scènes, que, terrorisée, elle cessa de lutter.