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de la terre qui les retienne fortement là où ils sont nés et où leurs parents ont grandi ?

Je le crois. Il est insensé de s’attendre à ce que, le petit campagnard, recevant exactement la formation du petit citadin, sorte des écoles et des collèges avec le goût des travaux de la ferme. Et les fillettes donc !

J’ai vu moi-même, dans les couvents, des petites snobinettes traiter du haut de leur grandeur des enfants campagnardes, les appeler « filles d’habitant », et celles-ci rougir de leurs parents, et des douceurs rustiques qu’ils leur apportaient pour manger au réfectoire. Je n’ai, par contre, jamais entendu une réprimande aux autres, ni un plaidoyer en faveur de la vie des champs. Les petites campagnardes comme les autres n’apprennent, en fait de travaux manuels, que de la couture de fantaisie : fils tirés, broderie, dentelle au fuseau ou au crochet. Ajoutez à cela, le pianotage et la peinture sur porcelaine, et essayez de vous imaginer l’arrivée de cette enfant chez elle pour y rester et y travailler à la terre !

Elle a appris à mépriser ce qu’elle devrait aimer, elle ne rêve que de robes de soie et de souliers à talons Louis XV. Elle ne sait pas et ne veut pas travailler sur la ferme. L’on se demande d’ailleurs comment il pourrait en être autrement.

Est-ce que dans les écoles normales on prépare réellement des éducatrices pour la campagne ? Savent-elles enseigner aux tout petits à distinguer les grains, les plantes,