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XL

L’abandon de la terre


Dans une randonnée à travers la campagne, j’ai aperçu deux maisons fermées, dont les volets clos, les alentours négligés provoquèrent mes questions : Les vieux sont morts, et les enfants sont à la ville. »

À la ville… cela veut dire qu’ils ont abandonné les travaux des champs, pour travailler dans l’air vicié des fabriques, qu’ils habitent des chambres petites, sans air et sans lumière, au lieu de la maison ouverte au bon soleil et parfumée de l’air des champs ; cela veut dire aussi qu’ils ont plus d’argent et moins d’aisance, des plaisirs faciles et démoralisants, qu’ils prennent des habitudes de dépenses extravagantes et que leur avenir, presque toujours, sera misérable.

Que d’apôtres il faudrait pour prêcher dans les campagnes l’amour de la terre, la nécessité de s’y attacher et de se donner à elle, afin qu’en retour, elle nous donne abondamment ses richesses !

Pourquoi l’aime-t-on moins, cette vieille terre, et pourquoi l’exode grandissant vers les centres où l’argent attire et où la misère tue ?

N’y a-t-il pas une lacune dans l’éducation des enfants de la campagne, et ne pourrait-on leur inculquer, comme aux anciens, l’amour