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Levée avant le soleil, la mère ne finissait toujours qu’à la lueur de la chandelle les tâches innombrables qu’elle s’était données pour la journée. Et pendant que les bébés dormaient dans les bers, qu’au ronronnement monotone et doux du rouet, les plus grands s’assoupissaient autour du poêle, que le père fumait sa pipe en songeant aux moissons prochaines, la maman, infatigable, travaillait pour que sa nichée fût vêtue, nourrie et heureuse.

Ce travail patient, ce dévouement humble et inlassable, reproduits d’une génération à l’autre, ont formé un trésor de vaillance, où puisent encore les jeunes mères d’aujourd’hui, plus fragiles, hélas ! mais dont le dévouement sublime ne se lasse pas ; elles aussi donnent leur vie, l’usent et quelquefois la sacrifient au service des petits qu’elles aiment comme les mères seules savent aimer.


XXXIX

Petite grand’mère


Par cet après-midi clair et dans l’air frais tout chargé des bonnes senteurs printanières, l’auto file entre les talus reverdissants. Les chemins ne sont pas fameux, et nous sommes souvent retardés par de larges flaques boueuses où les pneus s’enfoncent d’une façon inquiétante… et voilà qu’au sortir d’un village, nous nous enlisons pour tout