Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Non, chères âmes, ne nous laissons pas décourager par les très petites choses de la vie : elles en sont la trame, et les petites actions comme les grandes ont leur utilité.

Du jour de notre naissance au jour de notre mort, les petites choses s’emparent de nous, remplissent notre vie, ne nous quittent plus. Elles nous mènent et nous tyrannisent, elles interrompent nos bonheurs et importunent nos douleurs ; elles ne nous laissent jamais tranquilles. De temps à autre, des grandes choses passent qui nous élèvent au ciel ou nous précipitent dans les abîmes de désolation. Mais après avoir percé nos vies ternes, comme de grands éclairs fulgurants, elles s’évanouissent, nous laissant en proie aux petites choses dont nous vivons et qui continuent à nous tourmenter. Et c’est parce que nous sommes les pauvres misérables chassés du paradis et regagnant péniblement les bonheurs perdus. Quand cette vérité s’est enfoncée dans nos âmes, nous devenons patients.

Et voilà ce que l’église murmure, dans l’obscurité, aux âmes dolentes, pendant que la pluie glisse sur les vitraux dont aucune lumière n’anime les saints personnages qui ont reconquis le paradis.