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les êtres et dans les choses. L’homme reviendra te chercher : suis-le et porte avec toi de la lumière, de la gaieté et de l’espérance. Sans toi la vie l’écraserait ! Laisse-lui le monde extérieur ; toi, gouverne le monde de l’âme et du sentiment. Adoucis les instincts brutaux, relève la nature masculine que le labeur matériel retient à ras de terre. Là où il met son orgueil, mets ta douceur ; là où il apporte son égoïsme, prodigue ton dévouement. Sois généreuse et bonne afin qu’il t’aime. Plus il t’aimera meilleur il sera ; plus il te mettra haut, plus il s’élèvera lui-même. Il se croit très fort ? Le pauvre homme ! Sa force est plus faible que ta faiblesse ! Quand il sera las de tourner dans le cercle étroit et vain du raisonnement, appelle-le afin que, près de toi, il ravive son âme dans la foi et dans l’amour. Quand tout l’aura blessé, qu’il se confie à toi qui es pitoyable et qui l’aimes. Tout le trahira, mais il croira encore en toi qui détestes instinctivement ce qui l’abaisse et le rend méchant. Va, sois sa compagne, son aide, plus tu le sers, mieux tu règnes sur lui.

Elle écoutait le dieu avec une flamme nouvelle dans les yeux : elle avait compris sa mission, la nature de l’homme et son propre cœur.

Et quand l’homme revint la chercher, elle le suivit, modestement triomphante mais ayant deviné que cette victoire n’était pas définitive, et qu’inlassablement il lui faudrait conquérir son maître.