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pliquer et nous nous entendons si bien, si bien, que nous nous croyons déjà au ciel !


XXXVII

La petite vieille dame


Après la chaleur de la journée, les fleurs amollies se redressent un peu à la fraîcheur du soir, et les âmes lasses, au contraire, rentrent davantage en elles-mêmes dans la paix enfin conquise de la nuit qui vient lentement. Le soleil est déjà couché, des nuages sombres sont suspendus au-dessus du jardin, mais à travers les arbres, on aperçoit un coin pur du ciel encore rosé, et au-dessus de la maison une étoile vient de s’allumer.

Partout le silence et le calme : pas une herbe ne bouge, et l’odeur des grands lis qui se détachent dans l’ombre, des roses qui s’effeuillent et de la vigne fleurie sur le pignon là-bas, se répand dans le soir et on dirait que l’air est en fleurs ! On ferme les yeux pour ne rien voir, ne rien sentir que ce parfum qui rappelle d’autres soirées très lointaines où l’on n’était jamais lasses et jamais tristes.

Ce temps a-t-il existé dans la réalité ou ne le voyons-nous que dans nos souvenirs ? On ne sait plus… on a l’impression d’avoir été heureuse… il faudrait savoir si alors on se sentait heureuse ?

Les jeunes sont insouciants, et dédaigneux des joies des jeunes, et ils nous paraissent un