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se résoudre à projeter sur ses ombres la lumière qui vient de par delà la mort…

Mais… mais, revenons au rêve et laissons aux hommes la philosophie.

Une de mes petites idées c’est que Dieu nous a donné le rêve pour éclairer momentanément les vies grises, et soulever les âmes que les réalités écrasent. Au milieu de nos embarras et de nos misères, le rêve est un coup d’aile dans l’infini où rien n’est impossible.

Quand dans le silence que trouble à peine le vent léger, nous allons lentement, frôlant les longues herbes, aspirant les senteurs fraîches, appelant tout bas les bonheurs chimériques, souriant de nos rêves tout en y croyant un peu, notre âme se repose et se rafraîchit : elle oublie ce qui est en créant ce qui pourrait être ! Elle revient de ces promenades fantastiques plus douce et moins pesante ; tout lui est encouragement et signe d’espoir.

Mes chères petites amies, ne vivez pas dans le rêve ; vos réveils seraient trop cruels, mais n’ayez aucun scrupule de mettre un peu de rêve dans votre vie et n’écoutez pas trop les moralistes sévères qui vous prescrivent de ne jamais oublier ce qui est.

C’est très bon parfois !

Vous avez déjà fait un voyage, laissant en arrière mille difficultés, des misères chroniques qu’il vous semble détester.

Les jours passent… et il en vient un où nous