Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parle encore bas sur le perron de l’église, car les portes sont ouvertes et les cierges fument encore…

Et tous les soirs c’est la même chose, et tous les ans aussi, et les mères qui ont chanté les vieux cantiques entendent leurs filles les chanter à leur tour et elles ne peuvent croire qu’avant longtemps elles seront grand’mères… Il leur semble que c’est hier qu’elles attendaient sur le perron leur amoureux qui commence pourtant à avoir des rhumatismes et qui les presse de rentrer, car le serein tombe.

J’ai déjà entendu plaindre les jeunes filles de la campagne par leurs compagnes citadines. Moi, je les envie et je les admire : leur vie entière oscille entre ces deux pôles sacrés du travail et de l’amour, et elle est certainement plus intense et surtout plus féconde que l’existence absurde des jeunes Montréalaises dont les jours fuient au milieu d’une agitation incessante et d’un mouvement perpétuel.


XXVI

Les lettres


Les jours passent doucement, silencieusement : même sans le vouloir on se recueille ici, et pour se mettre à l’unisson de l’harmonie universelle, on écarte peu à peu les agitations, les inquiétudes, les soucis vrais ou imaginaires qui font sur la vie comme des taches