Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme le parfum de la verdure qui décore l’autel en attendant que la chaleur le fleurisse.

Après le chapelet, un cantique et un petit sermon de quinze minutes. C’est un des talents de notre curé : il parle peu et bien, évitant les inutiles délayages, et tout son sujet tient dans ces quelques minutes bien employées. Il serait à citer comme modèle à de grands prêcheurs qui abusent un peu de la patience de leurs auditeurs. D’ailleurs, c’est un saint, notre curé ! Dieu et les âmes ! Il n’a pas d’autre souci, et on le sent si bien dans ses paroles et ses actes qu’on a le désir de lui ressembler ! Et ça, voyez-vous, c’est la meilleure prédication du monde ! C’est le curé qui vient souvent lui-même en surplis allumer les cierges : leur douce lueur d’étoile rend encore plus sombre la nef où la prière de tous rend l’air comme vibrant de ferveur : nulle part ailleurs je n’ai ressenti une telle impression de recueillement pieux. Et je ne vous ai encore rien dit des jolies voix pures qui chantent de très vieux cantiques et du plain-chant dont le latin est très purement prononcé. C’est que le curé y a vu : il est venu lui-même enseigner aux chanteuses à se tirer de ces subtiles difficultés avec un résultat qui vous étonnerait, critiques de la ville !

Puis, quand un à un les cierges s’éteignent, l’église se vide très doucement et on